Novembre - Portrait



 "L'on dit beaucoup de moi que je suis une jument impulsive qui va vite et qui fait peur à ceux qui ne connaissent que mon nom. 

Ceux qui ont eu le coup de foudre pour moi, ou qui appris à m'aimer, savent que c'est bien la dernière chose à laquelle je suis réduite. 


Bien entendu, je ne suis pas facile. Même moi je ne m'en sors pas toujours avec moi-même : j'ai un moteur de formule 1 sous la croupe contre un guidon de kart à la direction. 


Tant que je suis avec moi-même, tout va bien, mais le cavalier qui arrive sur mon doit être capable de gérer son propre équilibre pour ne pas corrompre le mien déjà bancal. 

Ensuite, je possède une rare intelligence qui dénote par apport à ce que connaissent les bipèdes : ma perception des choses, je la vois à travers le prisme de mes ressentis, et ma sensibilité est à fleur de peau. Mon processus de traitement d'information est très souvent noyé par mes émotions, pour le mieux comme pour le pire. 


C'est la raison pour laquelle je me sens mieux quand je suis avec les autres chevaux ou avec les humains qui m'abordent le coeur ouvert. Ceux qui acceptent de me laisser vivre avec eux la séance d'équitation ou la balade et qui pensent parfois à me demander mon avis. 


Montez-moi avec la détermination d'obtenir de moi la soumission la plus totale, et nous serons deux à passer un très mauvais moment. 


Personne ne peut rien obtenir de moi tant que je suis braquée, et si jamais mon cavalier me suis sur le terrain du rapport de force et de la confrontation, il perdra même s'il a la meilleure technique. 

Du moins, peut-être gagnera-t-il de moi le tracé et la vitesse qu'il espérait, toutefois, je lui prendrai sa colère, sa frustration et son despotisme et je lui renverrai à la figure de toutes mes forces. 


Par contre, celui qui me rejoint sur le domaine de l'intelligence intuitive et émotionnelle trouvera en moi l'une des montures les plus détonnantes. Si, en plus, il compte ses galops sur les doigts de deux mains, sais comment tendre, rééquilibrer, incurver et travailler un cheval en basse école ou en équitation d'allure, je lui offrirai des sensations équestres de puissance et de légèreté qui le régaleront. 

Toutefois, quoiqu'il arrive, même si je prend 21 ans cette année, je ne promets pas toujours de rester sagement en arrière quand je suis dans un groupe en balade... "


Novembre



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