César - Portrait

 



J’ai déjà porté des enfants sur mon dos, mais je ne suis pas monté. Des fois, je pars en balade avec les groupes, je me promène libre ou bien tenu par un enfant en licol et j’adore ça. Et comme j’ai tendance à me coucher et me rouler quand je ne veux pas faire ce que l’on attend de moi, ou quand je suis content, alors on a vite oublié l’idée de me mettre à l’attelage.

J’ai une soeur jumelle, c’est rare, chez les équidés, et nous sommes arrivés ensemble au poney-club quand nous étions tout petits.

J’adore les câlins mais, surtout, j’aime avoir de l’attention. 

Je suis sage la plupart du temps, sauf deux jours dans la semaine : Les mercredis et les samedis ! 

Je joue à un jeu, ces jours-là : dès que la porte s’ouvre, moi, j’essaie de sortir. 

La différence avec les autres jours ? Facile, les enfants viennent chercher leur poney et leurs parents sont avec eux, pas les moniteurs… Ce sont les parents qui se tiennent à la porte comme des gardiens de but pour me barrer le passage. 

Du moins, ceux qui savent. 

Les autres… Hé bien ils me regardent passer, car je suis l’éclair gris. Et ma soeur me suit sans comprendre ce qu’il se passe. 

Je reconnais tous les visages… Je sais quels sont les parents plus concentrés sur leurs enfants que sur moi, les distraits, ceux qui ne me connaissent pas car ils arrivent d’habitude après que je sois sorti, ceux qui n’ont jamais tenu de poney de leur vie… ce sont eux que je vise… 

Dès que je met un pieds dehors, alors toute une dynamique se met en place : les enfants les plus rapides courent chercher un licol pendant que les autres ferment toutes les portes de la dalle et les parents ou les grands enfants se jettent sur moi comme si je courrais avec un ballon de rugby dans les bras. 

S’ils échouent et que je passe les portes de la dalle, alors je fais une roulade de la victoire sur la piste, puis je parade au trot. 

Il y a trois séances à la suite dans une demi-journée. Donc en début d’année, les parents de la première heure se font avoir. Puis ils apprennent à créer des murs humains pour m’empêcher de sortir; alors je tente avec les retardataires, puis ils apprennent eux aussi à me confiner dans le paddock, donc je dois attendre la séance suivante pour surprendre les parents qui ne se doutent de rien (car normalement, je suis déjà dehors quand ils arrivent) et rebelote… Et au fil de l’année, les parents des cavaliers deviennent si bons, même ceux de la dernière heure, que je n’arrive plus à sortir que sur un malentendu. 

Et quand on m’empêche de sortir ? 

Ha là… C’est la grande colère du petit âne ! Je tape du pied, je me roule par terre, je mord les poneys et en plus de tout, je me fait gronder ! Mais après, si je suis trop triste, les moniteurs et les enfants viennent pour me faire un câlin et je me laisse tomber sur eux en chouinant. 

Puis je les pousse pour sortir. 





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