Agora

 

« Je suis délicate.

Je n’aime pas être bousculée, et même si mon caractère est affirmé, je n’aime pas m’imposer. C’est pour ça que je mange toute seule, la plupart du temps. Si les autres chevaux me regardent de travers ou s’ils veulent mon foin, je préfère partir et ne pas manger plutôt qu’enchérir dans les rapports de force. 

C’est différent avec les cavaliers. Je suis sensible, donc le moindre déséquilibre, la moindre erreur de main ou la moindre demande peu polie me vexe. Et puis j’aime être aux commandes, donc non seulement il faut que la main qui me dirige soit douce, mais, aussi, affirmée, franche, et, par pitié, chers cavaliers, sachez où vous voulez aller… Ceux qui n’ont aucune idée de ce qu’ils veulent, d’abord ça part à droite en accélérant, la foulée suivante ça reprend les rênes pour ralentir, puis ça tape du talon en tournant à gauche… Ceux-là… mieux vaut pour eux qu’ils aient de bons abducteurs…

L’on entend beaucoup dire que les juments, ça a du caractère et blablabla… non. Ce sont les hongres qui sont dociles et qui acceptent tout les caprices de leurs cavaliers. Moi, je suis gentille, vraiment, et tout ceux qui m’ont monté le savent et restent loyaux envers moi parce que je suis ce genre de monture complexe, fine et vive qui répond à la moindre demande. Mais je ne suis pas si facile car, de mon côté, j’exige un minimum de courtoisie et de savoir être et faire de la part de celui qui se perche sur mon dos. 

Après, il parait que les moniteur ne sélectionnent pour moi que ceux qui ont déjà une bonne assiette et qui ne tombent pas facilement. C’est vrai que je n’aime pas quand ça joue du trampoline sur mon dos dès que je pars au trot, mais je peux faire l’effort de ne pas m’en plaindre et ils le sauraient, si seulement ils ne tombaient pas au bout de trois foulées… »

Agora