Equitation et spiritualité - 10 - de la liberté

 De la liberté



Si un maitre d’apprentissage ou une école d’équitation vous apportent les bases indispensables, puis les perfectionnements de la pratique, il existe d’autres enseignements que vous pouvez suivre pour avancer autant sur votre voie équestre que toutes les autres de la vie : la morale et l’éthique.

Ces deux vertus vous entrainent sur un chemin de libération de vos doutes, de vos frustrations et de votre culpabilité. Un passage de l’esclavage au bonheur, puisqu’il s’agit de votre combat contre tout ce qui vous emprisonne et vous empêche d’être une personne (de cheval) accomplie. Une belle personne, digne, et fière de ce qu’elle construit avec l’animal, avec elle-même et avec les autres.


Vous vous saisissez vous-même dans votre mouvement de croissance, car à partir du moment où vous êtes assuré d’avoir pris une bonne décision en accord avec vos convictions, et non vos doutes et vos craintes, alors vous apprendrez à aimez la personne que vous êtes et vous vous libèrerez de celle que vous ne voulez pas être, celle qui vous emprisonne dans ses choix craintifs et ses stagnations.


La logique du désespoir de soi, du cheval, de la peur du mal ou de l’erreur… répond à celle de l’espérance : C’est parce que vous nourrissez de hautes ambitions que vous doutez de les accomplir.


L’accomplissement de l’acte équestre, la rencontre pure et bienveillante entre vous et votre monture, toutes ces belles petites choses auxquelles vous pensez immédiatement lorsque je vous parle de vos plus beaux succès avec les chevaux, les raisons pour lesquelles vous continuez à monter à cheval, viennent vous prendre, vous libérer du désespoir de vous, de votre refus d’assumer vos succès, de votre désir de vous lier à votre cheval et votre désir de  cheminer avec lui tout court.


« Quand une fois on a gouté d’être aimé librement, les soumissions n’ont plus aucun goût. 

Quand on a connu d’être aimé par des hommes libres, les prosternement d’esclaves ne vous disent plus rien (…) 

Être aimé librement, rien ne pèse ce poids, rien ne pèse ce prix. »
- Charles Peguy


Vous reconnaissez votre « non toute puissance », vous reconnaissez que vous n’êtes pas encore arrivé au bout du chemin de votre vocation, car vous êtes un être infini. Vous répondez à la convocation du cheval d’exister avec lui en tant qu’individu qui se construit toujours. Vous êtes votre propre architecte.


Vous reconnaissez avoir besoin de lui dans son intégrité pour interagir avec lui. Vous l’aimez comme il est : non muet, non soumis au moindre de vos caprices, non corvéable ou malléable à merci.


Vous ne tombez jamais dans le mépris de vous-même, de l’autre, ou des chevaux, même ceux dont le potentiel sportif, éducatif ou mental ne répond pas à vos attentes. 

Vous reconnaître comme cavalier toujours ignorant, c’est accorder au dynamisme équestre un apprentissage qui n’est jamais achevé.


« Dans la reconnaissance de son acte, la liberté relie alors un passé recréé à un futur promis dans le présent réconcilié : Cette restructuration en profondeur est sans doute le moment le plus intense de la liberté, celui où les trois extases du temps naissent de la culpabilité la plus authentique, je veux dire que la faute est pardonnée ».
P. Ricœur.


La reconnaissance de votre grandeur et de votre dignité est un engagement dans une histoire risquée : celle de votre propre liberté.

La liberté de devenir vous-même.


Un chemin dans lequel le cheval n'est plus votre monture, mais votre guide.

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