Equitation et Spiritualité - 11 - de la Peur

 De la peur




Êtes-vous capable de différencier vos différentes peurs ?

Et connaissez-vous celle qui ronge votre potentiel ?

Jugement ; Douleur ; Déception ; Ridicule ; Echec…

Ne rien faire par peur de mal faire serait comme refuser de déployer ses ailes par peur de tomber. Mais qui s'envole pour la première fois au-dessus du vide commence d’abord par chuter.

 

Qui monte sur le dos d’un cheval doit accepter d’en tomber, de se confronter à une volonté qui n’est pas la sienne et de rencontrer des difficultés qui demandent l’usage d’un mot désuet pour les dépasser : le courage. L’un ne va pas sens l’autre : pas de courage sans peur car le premier nait de la deuxième.

 

Et qui désire rester dans sa zone de confort doit accepter de garder ses deux pieds au sol ou bien revoir ses objectifs et ambitions.

 

La peur est quelque chose qui ne s’exprime pas toujours, mais qui prend le contrôle pour vous entrainer vers la passivité et non le déploiement de votre plus haut potentiel : 

 

« Tant que je n’ai rien à perdre, je n’ai rien à craindre » ;

« Je ne peux pas tomber si je ne vole pas » 

 

« Je ne peux pas échouer si je n’essaie pas »

 

Votre propre peur est pour vous plus insidieuse et plus difficile à dépasser que les peines rencontrées sur le dos d’un cheval. 

Peur de pas être au contrôle, de ne pas être le meilleur, de perdre la face…

Pourriez-vous dire pourquoi une chute, une dérobade ou une réticence de votre cheval prend parfois des proposions émotionnelles qui sortent du domaine du sport ?

Rivières de larmes, colère brute, culpabilité, terreur…

Pourquoi ?

 

Si vous ne contrôlez pas vos propres instincts, alors comment prétendre contrôler ceux d’un cheval ?

 

Car le cheval, votre compagnon qui vous suit et calque son attitude sur la vôtre, sentira vos peurs. Pas seulement celle que vous ressentirez pour votre intégrité physique, mais toutes les autres. La crainte de perdre le contrôle qui crispe vos doigts, l’anticipation d’un obstacle approchant qui couple votre souffle, la peur de l’échec qui balance vos épaules en avant…

Et votre cheval ne doutera jamais être la cause de cette peur. A son tour, il cherchera la menace, il testera ses options de fuite car si son meneur est tendu, c’est qu’il y a un danger. Dans son raisonnement, à aucun moment il n’en viendra à se dire qu’il est lui-même la source de cette peur. Sa réaction ne fera qu’amplifier l’émotion du cavalier, qui amplifiera alors la nervosité du cheval qui, décidément, ne trouvera ni source de terreur, ni option de fuite, dans une spirale mouvementée souvent conclue par une bête séparation des corps, au mieux.

 

Vos émotions englobent le discours que vous renvoyez au cheval et lui n’entendra pas :

 « Je m’inquiète que tu ailles trop vite, alors je veux que tu ralentisses. » mais : « J’ai peur, alors méfies toi »,

« Je suis en colère parce que tu ne fais pas ce que je veux » mais : « Je suis submergé par ma propre émotion et je n’ai pas le contrôle de moi-même, alors je ne peux pas te protéger ni te guider, mais je vais décharger cette émotion négative sur toi à la place »,

« Je ne me sens pas capable de franchir cet obstacle » mais : « Je crois que je suis en danger, alors toi aussi »,

« Nous arrivons sur un chemin de galop, je reprends les rênes et je me tiens prêt car tu risques de partir comme un fou » mais : « Cette situation est dangereuse pour moi, alors prépare toi à fuir » …

 

La peur, pourtant, n’est pas une ennemie à neutraliser ou à contrôler à tout prix.

Il est plus dur de faire la paix avec elle et d’accepter son existence que de l’ignorer ou se laisser inconsciemment porter par elle.

Elle est présente pour assurer votre survie et pour vous garder dans ce que votre formatage de pensées a établi comme votre zone de confort. En sortir veux dire que vous prenez le risque, physique ou morale, de vous confronter à quelque chose qui vous fait, ou qui vous a déjà fait, du mal. 

 

Afin de dépasser cette limite, il faut déjà (re)connaître son existence et juger correctement de sa légitimité.


Et le curseur du supportable n’est pas le même pour tout le monde.

Personne ne possède vos traumatismes.

Personne ne sait ce quelles épreuves vous avez subies et qui ont formaté la taille de cette fameuse zone de confort.

 

Dépasser sa peur est un acte de courage, mais dans le cadre équestre, mieux vaut que cela se fasse en présence d’un encadrant compétent et sur une monture adaptée.

Cette monture, et cet encadrant, sauront vous donner ensuite les clés et les outils qui vous permettrons de réapprendre à battre de vos ailes pour explorer votre potentiel sur les autres domaines de votre vie.


Et si vous doutez de vos propres capacitées, rappelez-vous qu’un jour, vous avez causé l’enchantement de vos parents car vous mettiez pour la première fois un pied devant l’autre. Puis vous êtes tombé. Puis vous avez recommencé.

Maintenant, vous ambitionnez de vous percher en haut d’un animal de quelques centaines de kilos et de gouverner ses mouvements. Ou bien de réaliser n'importe quelle chose qui, quoique vous décidiez de faire aujourd'hui, à notre époque, sort du cadre de ce que la Nature avait réservé à notre espèce au commencement. C'est normal d'avoir peur. 


Vous parlez de galopade, de dressage, d’obstacle, de dernier mot… Certains pensent y arriver en un seul essaie et puis abandonnent s’ils doivent faire l’effort d’en faire un deuxième. D’autres n’arrêtent jamais d’essayer et de se frotter à la difficulté car à chaque défaite l’on gagne de l’expérience afin qu’à chaque victoire l’on étende notre potentiel.

 

Et apprendre à se tenir sur le dos d’un cheval peut être, pour certaines personnes, une victoire tout aussi incommensurable qu’un premier galop pour une autre ou bien le parcours d’obstacle de celui qui monte pour sa vie alors qu’il défend un titre olympique. Personne d'autre vous n'a la capacité de jauger vos succès.

 

Cessez de vous retenir, vous chercher des excuses, vous énerver ou vous frustrer.

Acceptez que votre échec d’aujourd’hui contribue à votre succès de demain.

 

Libérez-vous de cette fausse injonction qui vous demande de toujours tout réussir tout le temps.

Ne l’imposez pas à au cheval qui vous porte. Il a plus d’intérêt pour l’herbe du bord de carrière que vos états-d’âmes de toute manière.

 

Faites. Agissez. Toujours de votre mieux.  Soyez lucide sur vos compétences techniques, la finesse de votre psychomotricité, la souplesse de vos muscles, l’élasticité de vos articulations, la puissance de vos émotion et l'état de votre expérience.

Ne demandez pas au cheval de combler vos lacunes, c’est à vous d’être à la hauteur de ce que vous lui demandez.

Explorez déjà votre potentiel avant de soupirer auprès de ce que vous ne savez pas faire.

 

Acceptez aussi que le cheval qui vous porte n’est pas vous et que sa volonté diverge de la vôtre.

Il ne vous doit rien.

Ce n’est pas parce que vous voulez, parce que vous avez décidé, parce que vous avez payé pour arriver là-haut… qu’il va se plier à votre volonté.

Acceptez-le et travaillez vous-même pour obtenir ce que vous attendez de lui.

 

Ne lui demandez pas d’être parfaitement à vos ordres parce que vous craignez de ne pas être au contrôle, 

N’attendez pas de lui qu’il réussisse à votre place parce que vous avez peur de l’échec,

Ne lui reprochez pas ses traits de caractères parce que vous ne supportez pas le ridicule et qu'il ne vous a pas mis en valeur comme vous le vouliez... 

 

Tenez-le à vos ordres car vous avez étudiez les arts équestres pour cela, 

Aidez-le à réaliser des prouesses qu’il n’aurait pu exécuter à l’état sauvage car cela vous fait plaisir de partager son succès avec le vôtre,

Mettez n’importe quelle monture en valeur car vous êtes ce genre de cavalier qui sait sortir le meilleur de son cheval.


Ne laissez pas vos peur intoxiquer votre pratique de l'équitation.

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