Equitation et spiritualité - 12 - Du souffle






Quelle «  Félicité équestre » que celle où votre respiration est liée à vos mouvements et viens contrôler le cheval « au souffle près » ! Une manière simple et jouissive de rendre vos aides plus limpides.


    Dans votre pratique équestre, apprenez à inspirer doucement avant chacune de vos interventions. Une inspiration durant laquelle vous vous focalisez sur le souffle qui traverse votre système respiratoire, sans vous occuper de rien d’autre, ni du cheval, ni de vous-même et la pertinence de vos mouvements. De cette manière, vous placez un temps de silence pour favoriser l’écoute du cheval dans ce qui peut être un « brouhaha des commandes », entre vos déséquilibres, vos raideurs et vos demandes.     Comme si vous vous recueillez, le bref temps de cette inspiration, sur une touche du moment présent pour mieux accueillir celui qui vient. Vous abandonnez derrière vous ce qui appartient au passé : le mouvement que vous allez clôturer en induisant une nouvelle demande. Même s’il s’agit simplement de rechercher plus d’impulsion, une transition ou une simple décontraction.


Car le cheval agit et pense au présent, alors faites en de même et laissez derrière vous les foulées qui précèdent comme celles qui viennent. 

    Une fois que vous aurez inspiré, vous placez les aides nécessaires pour exprimer votre volonté sur une expiration lente, durant laquelle vous laisseriez au repos ou à l’oubli tout ce qui n’est pas nécessaire à cette action.

Pas de jambes agrippées aux flancs, pas de doigts serrés sur les rênes à s’en blanchir les phalanges, pas de haut du corps aspiré vers l’avant… Non… Juste ce qu’il faut comme pressions, tension ou décontraction pour traduir votre volonté à celle du cheval. 


Puis vous cessez et revenez au point neutre, celui où vos aides se taisent et où votre position, votre attitude et vos mouvements ne donnent pas de contre-indications constantes pour attendre la réponse du cheval. Cela peut se jouer à la seconde.  


Ainsi, le cheval discerne parfaitement votre mouvement, que ce soit à pied comme sous la selle. 

Ainsi, vous n’aurez qu’à prendre votre inspiration pour éveiller son attention, et, peut-être qu’à terme, un soupir vous suffira pour stopper net la course effrénée de votre monture, alors que vous vous trouvez sur son dos en extérieure, sans selle ni filet, avec une simple cordelette au bout des doigts comme extension de votre volonté, ou rien d’autre que ses crins. Peut-être qu’une inspiration suffira pour obtenir son calme, même si vous le tenez du bout d’une longe dans un contexte difficile… 
Peut-être sauriez-vous suspendre un piaffé dans la décontraction la plus belle.

 

A son tour, vous lui apprendrez rapidement à prendre conscience de son souffle, grâce au mimétisme, car lui aussi a besoin de poser sa respiration pour connaître la sérénité en votre présence ou en présence d’une source de crainte.

Si vous ne le savez pas encore, vous découvrirez qu’il est possible de faire bailler un cheval seulement en faisant des exercices de respiration à côté de lui et, ainsi, lui offrir relâchement et décontraction bienvenu des zygomatiques avant et après l’effort.

Même si cela ne suffira pas à débloquer leur potentiel, les chevaux tendus, nerveux et craintif vous remercieront d’une telle attention. Une respiration régulière permet une fréquence cardiaque cohérente, indispensable pour évacuer le stress et plus personne ne doute des bienfait d’un cœur apaisé : abaissement de la tension artérielle et du rythme cardiaque, diminution du taux de cortisol (hormone du stress), production plus élevée de béta-endorphine (neuro transmetteur de lutte contre la douleur), détente de l’ADN favorable au bon fonctionnement du système immunitaire…

 

Ces arguments seuls suffisent à ce que vous portiez toute votre attention sur le calme et la sérénité, les vôtres autant que celles de votre monture, afin que vous profitiez tous les deux pleinement de votre temps ensemble.


Car, peut-être l’ignorez-vous, mais le champ électromagnétique dégagé par le cœur équin est cinq fois supérieure à celui du cœur humain, avec une intensité nettement plus forte. Dans la promiscuité des chevaux, il est dénoté que l’humain calque inconsciemment sa respiration, et donc, son rythme cardiaque, sur celle des animaux et, donc, bénéficie des transformations métaboliques citées plus haut et c’est la raison pour laquelle tant de personnes recherchent et apprécie la proximité des chevaux sans l’expliquer.


Cela se vaut seulement si le cheval est en paix car, s’il ne l’est pas, c’est le contraire qui arrive : stress, douleurs, crispation seront le dû à la fois de la monture et du cavalier. Combien de chevaux sont perçus comme nerveux et difficiles alors que, simplement, ils ne parviennent pas à prendre leur souffle et se retrouvent en situation de stress à cause d’une détresse respiratoire ? Détresse amplifiée par des exercices difficiles, des ordres douloureux, des renforcements de contrainte et des demandes d’attitudes parfois trop difficiles à tenir pour lui. 


Et personne, ni cheval, ni cavalier, n’apprendra jamais rien tant qu’il a peur et qu’il est privé de la base de la vie : le souffle.

 

De plus, un intérêt particulier pour la respiration, autant du cavalier que la monture, dans l’effort sportif et non seulement à travers la recherche de confort dans la proximité ou la pratique, est une condition du succès. 
Allez donc demander leur avis à une ballerine, une cantatrice ou n’importe qu’elle personne qui pousse son potentiel jusqu’à toucher la grâce : La respiration a sa place dans l’effort. 


Le cavalier a besoin d’un abdomen relâché pour prendre la maitrise de ses deux bras et ses deux jambes, car vous ne pouvez établir une assiette solide si votre ventre, votre cage thoracique et votre gorge sont en tension constante. Sans assiette solide, il n’y a pas d’indépendance des aides. 

 

Pour aller plus loin vers une équitation épurée, en plus du contrôle de votre souffle, vous habitez de votre conscience chacun de vos muscles en mouvement. Vous passez à la sonde mentale vos contractions, vos crispations et vos gestes, tâchant d’analyser si, oui ou non, telle ou telle tension est bien nécessaire à l’action en cours. Plus votre conscience de vous-même s’affine, et plus elle peut s’épandre. De votre épine dorsale sans tension, votre nuque et votre mâchoire au repos, vos hanches ouvertes et vos jambes relâchées, jusqu’à vos épaules et vos bras décrispés en passant dans vos mains qui tiennent les rênes du cheval comme vous tiendrez la main d’un enfant, avec douceur et fermeté, votre conscience du mouvement, des cessions et contractions s’étend à la bouche du cheval, qui se relâche sous la galanterie de votre touché, sa nuque qui se débloque, son encolure qui se défait de toute tension superflu, jusqu’au dos qui vous porte grâce à un abdomen gainé, supporté par des postérieurs et une arrière-main actifs, non contraints et quatre membres sur un égal appui.


Le tout, avec une respiration profonde, lente et source de vie qui vient débloquer votre abdomen, assurer cette fameuse assiette solide et libère la descente de la jambe.






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