Spiritualité et équitation - 3 - Du contrôle

 





Du contrôle


Vous avez le don de la Parole. Cette parole vous rend capable de maitrise, car vous pouvez définir les choses qui ne se voient pas (colère, peur, violence…) et, ainsi, en prendre le contrôle. Cela vous confère également une responsabilité : vous détenez un pouvoir, celui de vous connaître vous-même, comment allez-vous en user ?

Allez-vous l’exploiter ? Pousser au maximum ce potentiel pour gouter à une vie affranchie de doutes, de peur et de colère ?


     Reconnaitre vos propres émotions permet de les canaliser et les faire évaporer sans devenir leur esclave, ni prendre leur visage pour commettre des actes que vous regretteriez. Sauriez-vous retenir un coup de cravache, d’éperon, un coup tout court ou une insulte non justifiée envers votre monture pour, finalement, ne pas vous reconnaître dans ce comportement instinctif ? Ne pas vouloir vous y reconnaitre ?


Voyez les frustrations équestres comme toutes ces autres contrariétés qui jalonnent votre vie : les échecs, les frustrations, la jalousie, les injustices… Toutes ces choses sur lesquels vous n’avez pas de prise et qui, pourtant, vous rongent et vous font mal. 


Vous pensez que ces émotions désagréables tirent leur sources de ceux qui vous les infligent : les autres, ceux qui réussissent là où vous échouez, ce cheval qui s’est dérobé à vous et qui « se moque de vous »… Mais, en réalité, c’est plus insidieux que cela, car ces émotions viennent de vous et de votre manière de percevoir les choses.


Lorsque le cheval est soumis à votre émotion, il ne peux pas la fuir, surtout si vous la projetez sur lui. Il la partage, il y réagit ou il essaie de la fuir et vous lui reprocherez alors d’amplifier votre frustration.

Mais sachez qu’il fait ce qu’il peut avec ce que vous lui donnez.


Votre cheval, lui, il n’a pas demandé à ce que vous veniez vous percher sur son dos, donc pourquoi se moquerait-il de vous alors que vous êtes celui qui s’est hissé là-haut tout seul pour prendre le contrôle de son corps ?

Ayez au moins la décence de le reconnaitre et de respecter votre place : vous êtes celui qui demandez la pratique de l’équitation, pas le cheval, soyez donc responsable de vos demandes équestres et soyez celui qui les assumez, pas le cheval. Ne demandez que ce que vous êtes certains d’obtenir et reconnaissez que si les choses ne se passent pas comme vous le voulez, c’est parce que vous avez poussé le cheval à la faute en lui demandant quelque chose que vous, ou lui, ne maitrisez pas, ou bien que vous n’avez pas rassemblez toutes les conditions nécessaire pour que cela marche, pas parce qu’il vous défie.


 Vous faites parti des 2,4 % privilégiés de la population française qui pratique le sport équestre. Si vous vous plaignez de ne pas obtenir ce que vous voulez à cheval, souvenez-vous que beaucoup parmi 97,6% de français rêvent de toucher cet animal qui vous frustre et qui souffre tant qu’il porte sur son dos un cavalier qui ne réfléchit pas à la conséquence de ses actes.


Le cheval, dans la simplicité de ses dérobades et ses réticences, vous demande de vous interroger sur vos frustrations et, plutôt que les abreuver, il vous prie de revoir vos demandes et conseille de vous réjouir du bonheur d’être sur son dos, à ses côtés, dans sa vie… et il ne vous demande rien d’autre qu’un grain d’humilité et de remise en question. 


Que faire dans les pires moments pour rompre le malentendu ? Interrogez-vous. Interrogez les origines de votre frustration, culpabilité, colère… Cette impulsion qui est à l’origine de vos débordements contre votre monture, car même un coup de talon / éperon qui vise les côtes avec la volonté de faire du mal, la traction injuste du mors sur la mâchoire, parfois doublement fermée, l’exigence d’un exercice au delà de ses capacités émotionnelles ou physique, voire, au-delà de vos propres capacités techniques ou physiques… Ne devraient pas être banalisés.


Votre monture voudrait que vous changiez votre point de vue sur la situation et voyez le succès là où il se trouve plutôt que là où vous voudriez le voir.


Il vous priera de mettre des mots sur vos émotions pour mieux les comprendre et les contrôler, afin de le diriger plus dignement. Si vous n’essayez jamais et continuez à le considérer, lui, comme la source de votre mal-être équestre plutôt que vous réjouir de sa docilité à vous accepter sur son dos et se soumettre à vos caprices, alors vous vous dirigez vous-même dans cette impasse qui vous rebute.


Questionnez les émotions que fait jaillir votre cheval en vous : l’on dit que le cheval est un miroir, alors osez confronter le reflet qu’il vous envoie. Trouvez les sources de votre mal-être, de tous ces sentiments qui vous font du mal et qui vous rongent. Comprenez-les, posez des mots dessus, situez les dans votre corps ou bien donnez leur des couleurs, des sons, des noms…

S’il le faut, appelez l’aide d’une personne extérieure compétente. 


Si vous êtes capable de reconnaitre la colère, la peur, la honte ou n’importe qu’elle émotion lorsqu’elle apparaît, alors vous serez capable de la laisser partir sans avoir à attaquer aveuglément la source de ces désagréments via les actes ou les mots.

Lorsque vous laissez la colère guider votre bras, le ressentie dicter vos mots ou la jalousie définir vos actes, alors ce n’est pas vous qui vous exprimez, mais la violence qui est en vous.


Un cheval docile n’a pas de réparti, pas de jugement, pas de volonté à faire du mal. Il devient, malgré-lui et malgré-vous, l’exutoire parfait de ces douleurs qui sont en vous. Face à lui, des colères que vous ne comprenez pas surgissent, des sanglots profonds trouvent un passage jusqu’à vos yeux, des moments de désarroi intenses, d’impuissance et de doutes vous assaillissent… Profitez-en pour les regarder en face et apercevoir qui vous êtes réellement, sans que le fantôme de celui que vous voudriez être ne vous hante davantage. 


Une fois que vous être maitre vous, alors quel professeur indispensable vous devenez  pour votre cheval ! 


Car lui aussi doit traiter ses propres maux et vous saurez reconnaître la peur dans un cabré, la frustration dans une ruade ou la détresse dans une embarquée. 


Non seulement vous saurez les voir et les analyser, mais vous apprendrez aussi à offrir à votre cheval les clés pour qu’il puisse, à son tour, devenir maitre de ses émotions, sans les nier, mais en les canalisant.

Ainsi, vous retirerez de votre équitation les marques de la violence.

Et votre vie n’en sera que plus belle.

Ou vice-versa


Spiritualité et équitation - 6 - De la maitrise
Spiritualité et équitation - 7 - De la création
Spiritualité et équitation - 8 - De la pratique
Spiritualité et équitation - 9 - Du tact
Spiritualité et équitation - 10 - De la liberté
Spiritualité et équitation - 11 - De la peur
Spiritualité et équitation - 12 - De respiration
Spiritualité et équitation - 13 - Du souffle
Spiritualité et équitation - 14 - De l'agoisse
Spiritualité et équitation - 15 - Du cheval comme "Autre Moi"
Spiritualité et équitation - 16 - De la nature
Spiritualité et équitation - 17 - De l'instant
Spiritualité et équitation - 18 - De la langue
Spiritualité et équitation - 19 - De la politesse
Spiritualité et équitation - 20 - Du vocabulaire
Spiritualité et équitation - 21 - De la grammaire
Spiritualité et équitation - 22 - De la discussion
Spiritualité et équitation - 23 - De la parole
Spiritualité et équitation - 24 - De l'être pensant
Spiritualité et équitation - 25 - De la joie
Spiritualité et équitation - 26 - De convocation


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